Nos Joueurs de Légendes -> Delaney Rudd

Delaney Rudd

Parcours

1986 - 1988 : PAOK Salonique (Grèce)
1989 - 1992 : Utah Jazz (NBA)
1992 - 1993 : Portland Trail Blazers (NBA) Puis PSG Racing Basket (PROA)
1993 - 1999 : ASVEL Lyon-Villeurbanne (PROA)

Palmarès

Vainqueur de la Coupe de France en 1996 et 1997 (ASVEL)
Vice Champion de France en 1996, 1997, 1999 (ASVEL)

Distinctions

MVP Étranger en 1996 et 1997
Participation au Final Four en Euroligue en 1997
Participation aux All Star Game 1994, 1995, 1996, 1997, 1998 et 1999 (6 sélections)

Le compétiteur ultime

La principale raison de la résurrection de l’ASVEL dans les années 90, c’est lui. Delaney Rudd était un compétiteur acharné et un leader exceptionnel. Le plus fort meneur étranger jamais vu en France ?

Delaney Rudd est en larmes sur le banc villeurbannais. Nous sommes le 8 mai 1999. L’ASVEL a encore raté sa chance en finale face à Pau. L’Américain ne sera jamais champion de France. C’était son dernier match avec le maillot vert. Épilogue cruel pour celui a remis la vieille dame dans la lumière.

Six années durant, Rudd a été le franchise player de l’ASVEL. Le patron. Il a sublimé ses coéquipiers, enflammé la vieille Maison des Sports puis l’Astroballe, signé des cartons monumentaux en championnat de France puis face aux cadors européens, porté son équipe jusqu’au Final Four de l’Euroleague. Son empreinte entre Rhône et Saône est indélébile. Son maillot, le 4 comme Alain Gilles, a été retiré dans les cintres de l’Astroballe. Mais contrairement à celui qu’on surnommait Monsieur basket, Rudd n’aura jamais pu apporter le titre suprême à l’ASVEL. Ces échecs répétés en finale (1996, 1998, 1999) sont les seuls points noirs de son bail villeurbannais. De vraies blessures pour ce compétiteur ultime.

Lorsqu’il rejoint l’ASVEL en 1993, Rudd n’est pas un perdreau de l’année. À son crédit, un passage remarqué au PAOK Salonique et, surtout, plus de 260 matchs à Utah en tant que doublure de John Stockton, puis à Portland. L’Américain sort d’une opération au tendon rotulien. L’ASVEL tente un coup de poker : deux ans de contrat, 200 000 dollars la saison. L’investissement est conséquent pour le petit budget rhodanien, mais c’est un coup de maître. Gregor Beugnot et le président Marc Lefèbvre ont touché le gros lot. Car Rudd va orchestrer la renaissance du club.

Clutch Delaney

Le public villeurbannais découvre un énorme compétiteur, tueur dans l’âme, toujours présent dans les moments critiques, et souvent décisif. Rudd a un mental en acier trempé et ne doute jamais. Sa confiance rejaillit sur ses coéquipiers. Il est un puissant relais de Greg Beugnot et un leader d’exception. Dès la première année, son association avec le marsupilami Ron Curry et le jeune Alain Digbeu débouche sur une qualification en playoffs. Parcours inimaginable un an auparavant alors que le club luttait pour sa survie.

S’il faut retenir un exploit de Rudd, celui du 12 février 1995 à la Maison des Sports figure en bonne place dans les livres d’histoire. Ce soir-là, le CSP, double champion de France en titre sur la route du Final Four de Saragosse, survole le débat. +17 au cœur de la deuxième mi-temps. Les deux équipes ne boxent pas dans la même catégorie. L’affaire est entendue. C’est mal connaître l’esprit de compétiteur du numéro 4. Rudd met la machine en route, enchaîne les paniers jusqu’à arracher la prolongation grâce à trois lancers au buzzer. L’ASVEL s’impose 89-82. Ses stats ? 39 points et 6 passes en 37 minutes. Cette année-là, les Verts vont jusqu’en demi-finale de la Coupe Korac. L’année suivante, ils poussent Pau au match 5 en finale des Playoffs, et gagneront leur billet pour l’Euroleague.

Les lancers d’Istanbul

Dans la compétition reine, Rudd est stratosphérique. Des cartons à 31 points contre le Pana, 35 contre le Barça. Dans son sillage, l’ASVEL multiplie les exploits. En quart de finale à Istanbul, Rudd inscrit les deux lancers de la victoire, synonymes de qualification au Final Four de Rome. Cette campagne européenne restera comme le plus grand accomplissement de sa carrière. Un chef d’œuvre.

Il y aura un deuxième quart de finale d’Euroleague, perdu celui-là en 1999 contre l’Olympiakos et… beaucoup d’occasions manquées en Pro A. Deux finales malheureuses en 1997 et 1999 contre le PSG Racing et Pau. Entre les deux, une demi-finale perdue à la maison face à Limoges. Rudd quitte l’ASVEL en 1999 avec un sentiment d’inachevé. C’est oublier l’empreinte considérable qu’aura laissée le double MVP étranger sur le basket français. Delaney Rudd ne mérite pas seulement de figurer dans le meilleur cinq des années 90, mais tout simplement dans le meilleur cinq étranger de l’histoire de la LNB.