Guillaume nous accueille dans son bureau. Rapidement, on ressent la passion basket, toujours présente, et son attachement au STB Le Havre, avec notamment son maillot du centre de formation. Il revient avec nous sur ses années d’escrime, de basket puis sur sa nouvelle vie d’entrepreneur à succès.
Guillaume, je vais d’abord te laisser te présenter.
Guillaume Plas, 29 ans, ex escrimeur et ex basketteur pro. J’ai eu la chance d’être Champion de France huit fois en tout dans ma carrière de sportif en jeune. Et de faire l’Équipe de France une fois au tournoi de Mannheim.
Quand as-tu commencé le basket ?
J’ai commencé le basket à l’âge de cinq ans en Alsace au club de Herbolzheim. Jusqu’à 10-12 ans c’était une passion que je faisais à côté de l’escrime, sport pour lequel j’avais une sorte de don. J’ai pu être multiple champion de France, etc… Mais le basket primait là-dessus, j’avais tout le temps envie de jouer. Quand j’avais les deux entraînements en même temps, dans ma tête, je devais aller courir derrière le ballon orange.
Quand as-tu privilégié le basket sur l’escrime ?
Très jeune, quand il a fallu aller sur les premières sélections départementales, etc… C’était une évidence pour moi, pas forcément pour tout mon entourage pour qui ce choix semblait étrange car je n’étais pas forcément le futur Michael Jordan alors qu’en escrime on me voyait comme un espoirs pour les JO. Moi, j’ai balayé ça d’un revers de la main parce que je voulais absolument faire les sélections départementales ! C’est comme ça que ça s’est joué. Finalement j’ai fait tout le cursus : sélection départementale, sélection régionale, pôle espoirs et même le camp national. Ce que j’aime dans mon parcours c’est que je me suis toujours rendu compte que je n’étais pas le meilleur. Au contraire de l’escrime où je travaillais aussi beaucoup mais je dominais très rapidement tout le monde dans ma catégorie.
Pourquoi avoir choisi le centre de formation du Havre ?
C’était vraiment à celui-ci que je voulais aller ! Il n’avait pas forcément les meilleures infrastructures mais il avait la réputation de sortir beaucoup de jeunes : Fabien Causeur, Ian Mahinmi, Pape Sy… Et vu qu’ils avaient un petit budget, c’était stratégique. Je me disais qu’ils étaient obligés de miser sur les jeunes.
Comment s’est passée ton intégration là-bas ?
Il y a eu un temps d’adaptation. Il a fallu que je gagne la confiance des gens. C’était dur et logique à la fois. C’était la première fois de ma vie qu’on me disait que j’allais jouer que cinq minutes s’il le faut. Tu dois arriver plus tôt, repartir plus tard et c’est la première fois de ma vie que je me retrouvais aussi loin de ma famille, j’avais 15 ans. Mais rapidement j’ai pu avoir la chance de gagner un titre et de jouer en espoirs. J’ai pu progresser très vite car on m’obligeait à comprendre des choses qu’à l’époque je ne comprenais pas et il fallait être 100% concentré sinon tu revenais sur le banc.
Dès ta dernière année cadet, tu as un rôle majeur en Espoirs.
C’est ma dernière année U18, je me dis qu’il faut absolument que je me démarque. J’ai travaillé comme un fou tout l’été. Je suis arrivé j’étais prêt physiquement et mentalement. On a fait le final four en U18 et j’avais une vingtaine de minutes de temps de jeu en Espoirs. J’ai commencé aussi à faire quelques entraînements avec les pros et les détections équipe de France à Mannheim. Malheureusement je me suis blessé au dernier rassemblement donc je n’ai pas pu faire la suite.
L’année suivante tu passes Espoirs, synonyme d’indépendance. Comment gères-tu ce virage ?
Avec du recul, je ne pense pas très bien. Je suis quelqu’un de très sérieux, très bosseur, très assidu et j’ai continué à l’être mais le problème c’est que j’avais pas capté un truc : le corps c’est super important ! Ma première année Espoirs était mal gérée et d’ailleurs je n’avais joué qu’une vingtaine de matchs à cause des blessures. Je n’avais pas la même morphologie que pleins de pros. Certains sortaient, le lendemain il ne le sentait pas. Moi je pouvais prendre du temps à récupérer. Et je m’étais blessé une première fois à l’épaule : ça avait joué sur mon point fort qu’est l’adresse.
Capitaine pour tes deux dernières années Espoirs, les résultats collectifs sont d’abord en demi-teinte avant un retour au Trophée du Futur.
La première année c’est la catastrophe. Il y a une vraie rotation de génération, on termine dans les derniers et je ne comprends pas trop l’état d’esprit de l’équipe, pourquoi personne ne vient plus tôt ou ne reste après l’entraînement pour tirer, faire de la muscu, etc… L’été suivant j’ai énormément bossé, je suis revenu très en forme, tout était réglé et dès les premiers entraînements pro j’ai senti que j’avais vraiment fait le job aussi bien sur l’aspect physique que sur l’aspect stratégique. Je comprenais beaucoup plus le jeu. Cette année-là s’est très bien passée. On est allé au Trophée du Futur avec par exemple Gauthier Denis (Paris Basketball) dans l’équipe. C’est l’année où Mathieu Lemercier est arrivé. Je l’avais adoré. Il était considéré très dur dans le milieu, moi je le considérais plutôt très juste ! Tu bossais, tu avais ce que tu méritais.
Quels souvenirs gardes-tu du Havre ?
Des supers souvenirs. Ils se sont toujours bien occupés de moi. J’ai même eu une cérémonie au moment de mon départ. J’ai des bons souvenirs des coachs, des responsables, de l’environnement en général. C’est un club avec des valeurs familiales énormes, des débrouillards et des bosseurs. J’ai un gros respect pour eux et j’espère qu’ils vont réussir à remonter en PROB et pourquoi pas plus.
Souffel (PROB) puis Angers (NM1) : comment s’est déroulé ton vrai départ vers le monde pro ?
La vérité pure telle que je la pense : je n’ai pas réussi à lancer ma carrière. Souffel je pense que je fais une erreur : je me suis énormément préparé physiquement en me disant que je rentre dans le bain avec de la PROB, qu’il faut être costaud. Et en réalité, je pense que je n’aurais pas dû. J’avais pris 7 ou 8 kilos mais du coup mon tir était complètement décalé, je n’avais plus les mêmes sensations, j’étais plus lourd et je bougeais moins sur les coupes alors que justement j’étais un slasheur. J’ai compris que le but n’était pas d’être complet sur tout mais d’être spécialiste quelque part et ce n’était pas mon cas car j’avais trop travaillé mes points faibles et un peu laissé de côté mes points forts cet été là. Je suis derrière des Labanca, des Curier… Je joue 5, 7 minutes par match. Donc je décide de descendre d’un niveau et de rejoindre Angers. Une très mauvaise expérience pour moi. Je me blesse aux Jeux Européens, encore à l’épaule. Vincent Lavandier m’attend comme le mec décisif, fort shooteur, etc… Sauf que moi je savais que je n’étais pas encore guéri. Je sens que le club veut se séparer de moi. C’est la première fois de ma vie que je ne m’entends avec personne dans le groupe, le club. Je n’avais aucune affinité. L’année se passe pas très bien et au moment où je fais 4-5 matchs de suite très corrects, je me fais à nouveau détruire l’épaule.
Quelles sont tes envies après ces deux premières années professionnelles difficiles ?
C’était un peu une descente aux enfers parce que j’avais donné toute ma vie au basket. J’avais toujours entendu des “tout le monde ne réussira pas” tout en me disant “mais je ne suis pas tout le monde et je travaillerais mieux”. Je me dis qu’il faut reprendre du plaisir, je descends en NM2 à Lons-le-Saunier. Cette fois c’est dans ma vie perso que c’est compliqué. Et à ce moment, je vois que depuis l’âge de cinq ans je poursuis un rêve qui ne va jamais se réaliser et je craque. Et sincèrement c’est dur parce que quand tout va bien, tout le monde est autour de toi et du jour au lendemain il n’y a plus personne. Pour la première fois de ma vie le côté mental lâche et je tombe en dépression. Je dois même prendre des cachetons et rien dire parce que tu n’en parle pas. Tu ne vas pas dire : j’ai donné vingt ans de ma vie et tout a foiré !
Comment est-ce que tu t’es reconstruit suite à cela?
Je me suis dit : “à qui je peux parler?” Et je parlais avec l’un de mes meilleurs amis qui lui aussi avait été basketteur et s’était très bien reconverti et qui est aujourd’hui trader pro. Il s’était pété l’épaule aussi, fin carrière : on avait des points communs. J’essayais de trouver de la force là dedans. C’était la première fois de ma vie que je n’avais pas le coeur au basket et au final arrive l’été, je le retrouve avec deux trois autres vrais amis. Pour la première fois pas de prépa, on respire, etc… Je m’y remets simplement trois semaines avant de reprendre la saison mais je le fais avec énormément de sérieux et d’envie. J’arrive et je courre plus vite que tout le monde, j’avais l’impression que je pouvais me faufiler partout. J’avais dit au coach : “je vais me reconvertir cette année, donne moi vingt minutes par match mais te prends pas la tête avec moi”. Et en fait, même en vingt minutes je faisais plus et mieux que l’année d’avant en trente-deux. Et je me suis un peu dis : mais pourquoi à un moment donné j’ai essayé de jouer un autre registre que qui je pouvais être. Finalement, on termine pas loin du Final Four, j’ai joué avec des mecs supers et ils ont continué sur cette lancée là les années suivantes et je termine l’histoire basket sur une super note.
Prêt à ouvrir un nouveau chapitre après cela !
En même temps, j’avais repris mes études et j’étais allé en école de commerce. J’ai eu un gros déclic. J’étais bon pour ça, c’était naturel, spontané et j’adorais ça. Et ce qui m’intéressait encore beaucoup plus c’était la finance et l’investissement. A côté de cela j’avais toutes ces discussions avec mon ami qui était dans ce domaine là. A la base je voulais juste savoir investir pour moi-même. J’ai appris par le biais de certaines formations, j’ai pris du mentoring. Et finalement j’ai eu de bonnes habilités là dedans et j’ai décidé d’en faire ma vie et ma carrière. Je me suis demandé si le basket m’avait apporté pour réussir dans la vie ou seulement dans ce sport. Je me suis lancé et j’ai tout pété !
Explique-nous ton nouveau métier et ta vie d’aujourd’hui.
J’ai pu devenir entrepreneur investisseur indépendant. Après le basket j’ai eu ce déclic de me dire que j’aurais dû avoir quelque chose de côté. Au début, en alternance, dans le monde du salariat commun, j’ai vite su que je ne voulais pas cela. Le fait d’avoir une claque aussi brutale sur mes libertés (de temps, géographique, ..) et que tout soit tout le temps entre les mains des autres, ce n’était pas pour moi. Métro, boulot, dodo, je ressentais au fond de moi que ça ne m’allait pas du tout. J’ai changé mon fusil d’épaule. Je voyais les quatre piliers de l’enrichissement : l’immobilier mais je ne pouvais pas y rentrer, les business online (application) mais il y en a moins de 1% qui marche vraiment et il faut une équipe et du budget, lancer son business physique ou une franchise mais ça coûte très cher donc je peux pas. Toutefois, je me dis que je dois au moins essayer de devenir mon propre patron et là je tombe sur le principe de marketing relationnel. C’est comme si tu crées ta franchise online en ayant une licence où là j’avais la possibilité de surfer sur des mammouths.
Comment as-tu démarré ?
En regardant, je me dis que ça me revient à quelque chose comme 8€ par jour pour lancer ma franchise, apprendre, me former, être accompagné et c’est ce que j’aimais dans le principe même de la franchise. Ensuite je vois les avantages et les inconvénients. Au final ça dépend énormément de toi, tout le monde peut se lancer et réussir mais ça dépend du sérieux, de l’engagement, de la discipline que tu mets là dedans. C’est des valeurs dans lesquelles je me retrouvais. Je me lance dans le domaine de l’éducation financière parce que c’est celui qui me passionne et là, j’ai un déclic extraordinaire qui me mène désormais au rang de numéro 1 francophone dans mon domaine. C’était : si tu bosses tu vas réussir et si tu bosses pas tu vas pas réussir. Et là, je retrouve cet esprit basket, centre de formation. Et surtout je me dis : “ici il n’y a pas de physique mon pote, il n’y a pas d’épaule, etc… Je vais retourner cela comme personne”.
La progression semble avoir été fulgurante !
Ça a été très rapide. En l’équivalent d’un an, je faisais peut-être partie des 5% de la population qui était la mieux payée. J’avais toutes mes libertés par rapport à ce que je voulais faire. Je pouvais imposer mes valeurs dans mon business online. J’ai monté ma société, un truc qui m’a éclaté. J’ai pu impacter des dizaines de milliers de personnes, j’ai pu devenir speaker international. J’étais tout juste correct en anglais voir médiocre maintenant me voilà capable d’être presque bilingue et de speaker devant 10000 personnes. J’ai voyagé sur différents continents. J’ai pu exploser des scores dans « les actions », les cryptos, les investissements long terme, etc. Quand je me suis lancé j’ai été un peu incompris. J’ai bâti une carrière à l’image de ce que je voulais dans le basket, comme le capitaine de mon industrie en me disant que je veux être une personne qui choque mon industrie, donner l’opportunité à monsieur ou madame tout le monde d’avoir un cours qu’ils n’ont jamais eu à l’école : l’éducation financière. Je trouvais que c’était un produit qui répondait à une nécessité. Tout le monde devrait apprendre à gérer son argent.
Comment est-ce que tu transposes cela dans le basket ?
Des clubs m’ont appelé, des coachs en camp d’été et aussi deux apparitions en centre de formation. Quand je viens, mon but c’est vraiment de leur dire en premier : ok, tout le monde ne réussira pas, c’est comme ça. La deuxième chose : il faut préparer l’après. Et la troisième chose : dans l’après, votre parcours basket c’est une école de la vie et à la fin soit je suis basketteur pro soit je serai numéro un dans un domaine grâce à ce que j’ai appris dans le basket. J’ai vraiment cette volonté de leur transmettre qu’il faut se donner à 10000% et que si ça ne fonctionne pas ici, ça va se transposer ailleurs !
Pour conclure, quelle est ta relation actuelle au basket ?
Un amour passionnel ! Je ne peux pas m’arrêter de regarder des matchs, je suis chaque nouveau joueur, chaque nouvelle pépite mais aussi tous les anciens avec qui j’ai joué et que j’ai apprécié. Je pense que le basket a encore un très bel avenir. Je joue de temps en temps l’été et je suis content de voir que j’ai quand même quelques restes ! Mais c’est difficile quand j’essaie d’enchaîner les entraînements alors je me dis que mon corps me fait comprendre quelque chose : si je veux reprendre de temps en temps il est ok, “t’étais doué c’est cool”, si je veux reprendre vraiment il me dit “no way papy arrête”.